Abstract
L'œuvre de Dick rend compte d'un événement capital de la culture post-moderne, "la mort du sujet". Nous pouvons admettre que cette mort est charactérisée à la fois par la fermeture de la distance médiatisée par l'esthétique qui jadis sépara le sujet du désir du monde-objet social ainsi que par l'implication corrélativement directe du désir dans le social. Or cela n'entraîne pas l'abolition de la négation dans son œuvre, mais plutôt son rétablissement à travers une expérience intense immanente au quotidien. Dick essaie de traduire la négation immanente (telle que l'expérimente le sujet désagrégé du vécu quotidien dans le capitalisme avancé) par une politique de l'expérience radicalement contestataire liée à la naissance des contre-cultures des années 60. Mais à mesure que son œuvre avance, Dick doit faire face fréquemment aux questions suivantes concernant la forme. Quelle est la relation entre le sujet-auteur de la narration et le sujet en voie de dissociation dont l'histoire est racontée par le premier? Le sujet-auteur subit-il la mort qu'il s'efforce de décrire? Si oui, quelle ruse utilise-t-il pour raconter sa propre mort? Ces interrogations sont aussi bien de nature formelle que politique car l'établissement d'une anti-mémoire nécessaire au projet contre-culturel à partir duquel s'élève l'œuvre de Dick dépend de ces réponses. Dans Substance Mort, Dick a essayé de les résoudre en demeurant dans les limites formelles de la science-fiction mais cela l'a conduit à une impasse politique. Dans SIVA, il tente de répondre à ces questions en abandonnant la science-fiction et peut-être même la littérature au profit de ce que l'on peut appeler une théologie de la libération du capitalisme avancé. /// Dick's work takes up a major "event" of post-modern culture: the "death of the subject." If this death is characterized by the closing of the aesthetically-mediated distance which once separated the subject of desire from the social object-world and by desire's correlative immediate investment in the social, it entails in Dick's work not the abolition of negation, but its re-emergence in an intensive experience immanent to the everyday itself. Dick attempts to think the immanent negation lived by the dissolving subject of late-capitalist everyday life in terms of a radically contestatory politics of experience associated with the emerging counter-cultures of the '60s. But as his work progresses, Dick must increasingly confront the following questions at the level of form: What is the relation of the narrating authorial subject to the dissolving subject whose intensive experience it narrates? Does the authorial subject undergo the death for which it attempts to account? And if so, by what ruse does it narrate its own death? These questions are not only formal, but political, for upon their resolution depends the constitution of a counter-memory for the counter-cultural project out of which Dick's work emerges. Dick's attempt, in A Scanner Darkly, to resolve them within the formal limits of SF leads to a political impasse; in VALIS, he attempts to resolve them by abandoning not only SF, but perhaps even literature as such, in favor of what one might describe as a liberation-theology of late capitalism.
Original language | French |
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Pages (from-to) | 173-186 |
Journal | Science-Fiction Studies |
Volume | 15 |
State | Published - Jul 1988 |